L'epée du chevalier
L'épée, remise au chevalier lors de son adoubement, était le symbole de son rang, son bien le plus précieux, celui dont il ne se séparait jamais, même dans le tombeau. Les gisants des chevaliers les représentent tenant leurs épées comme des crucifix. Instrument de force et de mort, l'épée était aussi objet de piété... Lors des cérémonies d'adoubement, n'était-elle pas, en même temps que celui qui la porterait, solennellement bénie et baptisée, après avoir été offerte par des rois, des papes, des évêques, ou des pairs, compagnons d'armes ? Les armes, notamment, constituaient un patrimoine de prix et marquaient la condition d'homme libre. En ces débuts de l'âge féodal, la lance, l'épée et l'utilisation du cheval restent les symboles de l'appartenance à la catégorie sociale privilégiée de ceux qui font la guerre, les chevaliers. Outre Excalibur, emblème de la légende arthurienne, il y a d'autres épées célèbres, notamment dans la Chanson de Roland et la Geste de Charlemagne. Ainsi Joyeuse, l'épée de l'Empereur à la Barbe fleurie (qui était rasé, en vrai guerrier franc), dont l'éclat était tel qu'elle aveuglait ses ennemis, et dont le possesseur ne pouvait être empoisonné... Elle aurait contenu, dans son pommeau, un morceau de la sainte lance, celle qui avait percé le flanc du Christ agonisant sur la croix. Ainsi Durandal, l'arme du fougueux Roland qui, lorsqu'il sentit la mort venir, voulut, afin qu'elle ne tombe pas aux mains des Sarrasins, la briser contre un rocher ; mais ce fut le rocher qui se fracassa. Dans les Pyrénées, on montre encore une trouée dans la montagne, au-dessus de Roncevaux : la Brèche de Roland ! Charlemagne l'avait offert à son neveu après des combats en Calabre, au cours desquels il lui avait sauvé la vie. Ainsi Hauteclaire, l'épée d'Olivier, compagnon du précédent (et personnage imaginaire, sans réalité historique), qui aurait appartenu à un empereur romain...